L’Union Européenne (Ue) a initié hier un séminaire de renforcement des services africains chargés du volet répressif de la drogue. Les experts réunis à Dakar ont rappelé la situation stratégique du Sénégal dans la lutte contre les stupéfiants du fait de sa position géographique. C’est le but du séminaire qui vise à mutualiser les forces des pays de la Cedeao pour lutter plus efficacement contre le trafic de stupéfiants par voie maritime, en partenariat avec l’Ue.

L’Union Européenne (Ue), à travers son projet sous-régional rattaché au Seacop dénommé Programme route de la cocaïne (Prc), a démarré hier un séminaire de renforcement des capacités des services répressifs (Sr) des pays de la sous-région. Le Seacop est un programme financé par l’Ue et destiné à la lutte contre les stupéfiants par voie maritime. Le Prc dont il dérive se fixe, entre autres objectifs, de renforcer la capacité des services répressifs à intercepter, notamment les flux de cocaïne transitant par l’Afrique de l’Ouest à destination de l’Europe par air (Aircop) et par mer (Seacop). 

Lors de l’ouverture de la rencontre, le coordonnateur de la direction générale des Douanes sénégalaises a réaffirmé la volonté des pays de la sous-région à faire de l’Afrique de l’Ouest un espace sécurisé à travers le Plan d’actions régional de la Cedeao. Pour cela, a dit Aliou Ndiaye, « il faut, dans une première phase, intégrer les partenaires de l’Afrique de l’Ouest ». « Cette intégration, reproduite à l’identique dans le Bassin caribéen, permettra, à terme, de créer une communauté internationale de police allant de l’Amérique latine à l’Europe en passant par les côtes ouest -africaines pour lutter la criminalité transnationale organisée », a-t-il fait remarquer.

Selon lui, les saisies récurrentes parfois de quantités très importantes de drogues dures en provenance des pays producteurs prouvent, à suffisance, que nos pays sont devenus des zones de transit privilégiées et malheureusement de consommation. Pour endiguer la montée de ce fléau qui installe l’insécurité, sape les bases de l’économie et désarticule les fondements de l’état de droit, a-t-il laissé entendre, « il est de notre devoir de nous organiser, d’adhérer et mieux de  nous approprier le Prc de l’Ue. Au Sénégal, a ajouté M. Ndiaye, toutes les forces de défense et de sécurité ont mis leurs capacités d’intelligence en commun et mutualisé leurs moyens pour une plus grande efficacité opérationnelle dans la lutte contre toutes les formes de criminalité. Toutefois, selon le coordonnateur de la direction des Douanes, cette lutte doit donner lieu à une synergie d’actions de tous les services impliqués de nos pays. « Nous devons renforcer nos capacités pour valoriser nos ressources humaines, améliorer la coopération sous-régionale et régionale, harmoniser nos politiques pour arriver à une meilleure gestion du renseignement, base sans laquelle tout effort risque d’être vain », a-t-il affirmé. Pour M. Ndiaye, il est impératif d’établir dans un futur proche une plateforme de communication sécurisée entre, d’une part, les partenaires sous-régionaux et, d’autre part, entre ceux-ci et les partenaires internationaux comme le Maoc-N, le Ceclad, l’Ue et l’Omd ».Pour la représentante de l’Union Européenne, Mme Valérie Miranda, le but de la rencontre c’est de renforcer les capacités des activités des pays de la sous-région. Pour sa part, le directeur des Douanes françaises et expert du Seacop, Stéphane Dubois, a rappelé que le Sénégal est un pays stratégiquement placé dans la lutte contre les stupéfiants. A son avis, les autorités sénégalaises et leurs homologues de la Cedeao ont intérêt à mutualiser leurs efforts pour lutter contre ce phénomène « qui finalement pollue l’ensemble des nations quelles qu’elles soient ». 

Le Sénégal, le Ghana et le Cap-Vert ont été les premiers pays bénéficiaires du programme qui a été étendu en décembre 2011 au Bénin, au Togo, à la Sierra Léone et à la Gambie. Durant deux jours, l’exercice consistera à partager des procédés de recueil, d’exploitation et d’échange de renseignements maritimes mais aussi d’affiner les techniques de contrôle en mer afin de mieux sécuriser l’espace ouest-africain.

ALIOU NDIAYE, COORDONNATEUR DE LA DIRECTION GENERALE DES DOUANES SENEGALAISES : « Le Sénégal admirable dans la lutte contre toutes les formes de trafic »

Interpellé sur les saisies récurrentes de drogue notées ces temps-ci au Sénégal, le coordonnateur de la direction générale des Douanes sénégalaises, Aliou Ndiaye, a déclaré que le Sénégal se comporte de façon admirable dans la lutte contre toutes les formes de trafic. « C’est le sentiment que l’Union Européenne (UE) a eu pour cibler le Sénégal comme un pays phare dans la lutte contre la drogue », a-t-il dit. 

Il souligne aussi que c’est la position géographique privilégiée qui amène les narcotrafiquants et les producteurs de l’Amérique Latine à cibler le Sénégal. « Il nous appartient de coordonner nos actions à l’échelle sous-régionale avec l’aide et l’accompagnement de l’UE, de l’Onudc, etc., afin de faire de notre sous-région un bouclier contre les trafics illicites », a-t-il précisé.

Source : le Soleil (Souleymane Diam SY)