Pour faire face aux nombreux défis – fausse monnaie, contrebande, contrefaçon, les trafics d’armes et d’être humains –  qui interpellent les administrations douanières de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, le directeur général des douanes sénégalaises, Papa Ousmane Guèye, appelle à une mutualisation des bonnes pratiques. Il présidait, hier, l’ouverture de la 6ème réunion des Points de contacts nationaux des Douanes.

Des dirigeants des administrations douanières venus des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre sont en conclave à Dakar pour plancher sur les stratégies à adopter afin de faire face aux nombreux défis et menaces auxquels sont confrontés les services douaniers africains, notamment ceux de l’Ouest et du Centre. Ils ont pour noms, terrorisme, trafic d’armes et d’êtres humains, contrefaçon et piratage, contrebande, faux monnayage, trafic de devises et blanchiment de capitaux. En présidant l’ouverture de cette rencontre, le directeur général des douanes sénégalaises, Papa Ousmane Guèye, note que les défis sont énormes et que les menaces sont multiformes. Ces défis et menaces, dit-il, toutes les administrations douanières les affrontent et tentent d’y apporter des solutions avec des fortunes diverses. 

Dès lors, préconise M. Guèye, une mutualisation des bonnes pratiques permettrait de donner des réponses « globales pertinentes » à des problèmes communs. Sous ce rapport, indique-t-il, la mise en place d’un réseau des Points de contact pour le renforcement des capacités constitue le pilier essentiel et fondamental d’une gestion coordonnée et efficace des frontières. Selon lui, le contexte de la région Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Organisation mondiale des douanes (Omd) est marqué par un processus de modernisation axé sur deux plans stratégiques qui donnent une orientation aux administrations douanières pour une plus grande efficience de leurs actions isolées et mutualisées. Pour le patron des douanes sénégalaises, cette démarche nécessite un suivi particulier de chacun des axes prioritaires desdits plans qui constituent de « véritables » feuilles de route. Il relève également que la région de l’Omd pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre subit des menaces de tous ordres qui mettent en péril sa sécurité, sa stabilité, son intégrité et son développement. Il estime que les administrations douanières, du fait de leur position stratégique aux frontières, sont interpellées au premier plan pour donner une riposte adéquate face à ces menaces. « Nombreuses sont, en effet, les innovations et les bonnes pratiques qui ne franchissent pas les frontières, d’où la nécessité de constituer des relais qui auront le rôle de veille et de partager sur les expériences réussies », prône-t-il. 

Le directeur des douanes a réitéré, cependant, l’engagement total de l’administration des douanes sénégalaises auprès de l’Omd quant à son adhésion aux actions initiées dans l’optique de la modernisation des administrations douanières et du renforcement des capacités. De son côté, Jean Dafily, représentant de la vice-présidente de la région Omd-Afrique occidentale et du Centre, souligne qu’aux traditionnels défis de mobilisation des recettes pour le trésor public, viennent s’ajouter ceux de la facilitation des échanges pour la compétitivité de nos économies et de la protection de nos sociétés et de nos Etats contre la recrudescence de la criminalité transfrontalière organisée, la fraude, la violation des droits de propriété intellectuelles et le terrorisme. « Pour relever tous ces défis émergents, tout en continuant à mobiliser les recettes nécessaires pour le financement de nos économies, nos administrations douanières se doivent de s’engager dans un chantier permanent inéluctable de réforme et de modernisation », recommande-t-il. 

Pour Bernard Zbiden, représentant du secrétariat général de l’Organisation mondiale des douanes, coordonnateur de la région Afrique de l’Ouest et du Centre, le terrorisme international, les fraudes obligent les administrations douanières à travailler sur la sûreté et la sécurité et à se moderniser en vue d’améliorer et de rendre plus efficace le contrôle des personnes et des marchandises à la frontière. D’après lui, pour y arriver, il faut une gestion coordonnée des frontières. Au niveau international, il plaide pour une collaboration plus étroite entre les administrations douanières, et au niveau national, nouer un partenariat entre les nombreux services gouvernementaux et un partenariat avec le secteur privé.  

Nécessité d’aller vers de nouveaux challenges pour plus de performances 

« Il nous faut actuellement aller vers de nouveaux challenges qui visent essentiellement la performance de nos administrations et les grands défis auxquels nos Etats font face », propose Souleymane Sangaré, directeur régional du Bureau de renforcement de capacité Afrique de l’Ouest et du Centre. Il soutient que l’appropriation, par les administrations douanières elles-mêmes, de leur propre modernisation prônée par l’Omd, à travers la régionalisation de sa politique de renforcement de capacité, devra s’accélérer au cours des périodes à venir. D’après lui, le processus de renforcement de capacité prendra tout son sens et nous donnera, par la même occasion, la certitude de la durabilité du processus de modernisation en cours en Afrique occidentale et centrale.

S’inspirer du Sénégal en dématérialisation 

De l’avis de Bernard Zbiden, représentant du secrétariat général de l’Organisation mondiale des douanes, coordonnateur de la région Afrique de l’Oust et du Centre, le Sénégal est « très en avance » dans la dématérialisation des procédures. Il peut ainsi, selon lui, servir comme modèle en la matière pour un certain nombre de nos administrations douanières. Il invite, toutefois, la douane sénégalaise à continuer à partager son savoir-faire et à encourager les autres pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre de venir chercher cette expertise du Sénégal.                      

Abdou DIAW

SOURCE : LE SOLEIL