L’Organisation mondiale des douanes a choisi cette année le thème – la Connaissance, catalyseur de l’excellence douanière – pour célébrer  la Journée Internationale de la Douane. Sujet ne saurait être plus pertinent, car il renvoie à la fois à un constat et à une directive tout à fait actuels et appropriés.

Le constat d’abord. Il est admis, de façon quasi unanime, que la connaissance est au cœur des évolutions, des progrès et des innovations du monde contemporain. Le savoir-faire découle avant tout de l’intelligence des conjonctures, des contextes, des situations et des actualités dans  lesquels opèrent une institution, un corps de métier, voire une nation.

Quid de la directive ? Le thème nous exhorte à toujours envisager nos actions et nos perspectives en rapport avec le flux infini des connaissances nouvelles qui émergent de nos expériences collectives et professionnelles et nous permettent de nous adapter aux situations inédites et aux changements salutaires.

Il est donc requis d’améliorer notre connaissance de l’environnement de nos pratiques professionnelles, sans cesse car, comme le relève Gaston Bachelard, « la connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres ». En d’autres termes, la connaissance que nous possédons aujourd’hui nous révèle toujours ce qui reste à connaître pour mieux  nous ’adapter à un monde qui bouge.

En effet, la douane elle-même, à travers l’histoire, a toujours été  une « institution » en perpétuelle mutation à la lumière de la connaissance renouvelée que nous avons du flux incessant des transactions et des mouvements des hommes et des produits dans leur nature, leurs enjeux et leurs modes opératoires. C’est dire que les pratiques professionnelles de la douane ont d’autant plus besoin des éclaircis de la connaissance qu’elles s’appliquent non seulement à l’une des principales sources de revenus de l’Etat mais aussi elles constituent un des leviers essentiels pour la sécurité des biens et des personnes.

Dans une société en mutations constantes et rapides, soumise à une logique implacable de mondialisation et ses modalités nombreuses et variées de circulation des produits et des hommes, la seule voie indiquée de la performance est le pari sur la connaissance, le pari sur l’expertise et la compétence. En d’autres termes, il est impératif de développer une capacité de lire et de comprendre le monde dans ses tendances, ses contraintes et ses opportunités pour mieux ajuster les instruments de nos pratiques professionnelles.

Une telle exigence est valable pour tous les corps de métier, mais plus  spécialement pour la Douane qui, dans  un contexte de  libéralisation des économies et de suppression de plus en plus irréversible des frontières, doit accroître ses capacités techniques et intellectuelles, ajuster en permanence ses outils d’intervention et affiner ses méthodes et procédures.

La connaissance est d’abord l’effet cumulatif de nos expériences et des défis auxquels nous sommes confrontés et dont la mise en forme conceptuelle renseigne sur notre niveau de compréhension de nos propres pratiques professionnelles. Elle est, de ce fait, le moyen par excellence pour se hisser à la hauteur des normes d’efficacité et d’excellence. Une pratique professionnelle non éclairée par les jets de lumière de la connaissance, dans ce qu’elle recèle de plus actuel, est vouée à la routine, pour ne pas dire aux impasses. Francis Bacon disait, depuis longtemps, que «celui qui n’appliquera pas de nouveaux remèdes doit s’attendre à de nouveaux maux; car le temps est le plus grand innovateur».  

En effet, c’est la connaissance qui permet de lire, de comprendre et de maîtriser les variables et paramètres de nos actions, d’anticiper sur les écueils possibles et de circonscrire les erreurs. Dans le territoire d’une pratique professionnelle où il est question d’économie, de marchandises, d’hommes et de femmes qui investissent leurs biens et s’investissent eux-mêmes, il est impératif de bannir les approximations et de veiller toujours et partout au traitement intelligent des situations dans la diversité de leur nature, de leur envergure et de leurs enjeux.

L’OMD en est si consciente qu’une de ses activités principales est le renforcement des capacités et compétences des administrations douanières. En effet, le contexte de mondialisation, les règles du commerce en constante évolution, la complexification des processus de fabrication et d’échange des produits ainsi que la diversité des formes de transactions mettent quotidiennement les administrations douanières au défi d’avoir une fine connaissance de leur environnement pour accroître leur capacité d’intervention, mais aussi pour  rendre  toujours plus fiables leurs procédures.

 Le choix du thème de la connaissance comme catalyseur de l’excellence est  également une occasion pour rappeler que la Douane sénégalaise accorde une importance capitale à la formation de ses agents, du niveau le plus élevé de la hiérarchie au niveau technique et opérationnel. C’est le moyen d’agir, surtout d’agir efficacement comme le suggère Jean Grenier : « L’homme ne peut agir que parce qu’il peut ignorer. Mais il ne voudrait agir qu’en connaissance de cause ».

Plus que jamais, la Direction générale s’engage à appuyer fortement la demande de renforcement des capacités. A ce titre une place encore plus essentielle sera accordée à la formation dans tous les domaines et à tous les niveaux : meilleure connaissance de la chaîne logistique, audit, règles internationales du commerce et législations nationales, le commerce électronique, les Nouvelles technologies de l’information et de la communication, la géographie très mobile des activités d’import et d’export, entre autres. Il s’agit, en somme, d’accroître les capacités de chacun afin que la Douane sénégalaise réponde plus et mieux aux attentes de l’Etat et des différents acteurs, sur la base des principes d’efficacité, de transparence et d’équité. Il s’agit, enfin, de faire de la Douane un creuset de professionnalisme et d’excellence. Et pour ce, elle ne peut faire l’économie d’un impératif : être un creuset de connaissance et d’innovations. Mais aussi, et c’est essentiel, elle doit ancrer dans ses pratiques professionnelles le principe éthique pour être mieux en accord avec sa devise : « Devenir meilleur pour mieux servir ».

Allier un profil professionnel adéquat à des comportements loyaux et respectueux du bien commun : c’est un  des défis majeurs que le thème de cette année nous exhorte à relever !

Mouhamadou Makhtar CISSE

Ancien Directeur Général des Douanes