Pour parvenir à une gestion intelligente des frontières, la Douane devra relever plusieurs défis, explique Oumou Ndiaye, directrice générale de Modelsis, structure qui collabore avec la Douane depuis 18 ans. Cette dernière faisait une intervention lors du panel organisé dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la douane, le 28 janvier dernier.Le premier de ces défis est celui de la connectivité. En effet, il faut des infrastructures (routes, aéroports, ports…), sans lesquelles on ne peut pas parler de frontières smart, pour assurer la circulation des biens et des personnes. Il faut aussi consolider le processus de dématérialisation, à travers le e-transit. « C’est une condition essentielle pour accélérer les procédures », ajoute Mme Ndiaye. L’autre défi consiste à nouer des partenariats avec le secteur privé afin de parvenir à une gestion efficace du risque sur toute la chaîne. Elle préconise aussi une normalisation des méthodes de contrôle douanières, ainsi qu’une mise à niveau des ressources humaines afin d’optimiser les coûts. Par exemple, une harmonisation du mécanisme de géolocalisation entre le Mali et le Sénégal permettrait de mutualiser le système de contrôle des deux côtés de la frontière. La dernière exigence, dit-elle, porte sur l’instauration d’une garantie unique. Des frontières smart, signifie aussi une rationalisation des contrôles. D’où l’importance d’une coordination entre les différentes forces de défense et de sécurité. Les avantages d’une gestion intelligente des frontières sont nombreux. Cette approche permet notamment d’avoir un bon équilibre entre la fluidité des échanges et la sécurité. Sans compter le renforcementde l’intégration régionale. 

Dans cette perspective d’une gestion intelligente des frontières, l’administration des Douanes sénégalaises a mis en œuvre plusieurs initiatives pour simplifier les procédures. On peut notamment citer l’instauration d’un guichet unique pour réduire les pertes de temps d’enlèvement, à travers la mise en place d’un certificat d’origine, afin de réduire les « goulots d’étranglement ». « Dans l’avenir c’est l’application elle-même qui va déterminer le risque et l’intervention requise », explique Awa SigaGuèye, inspecteur principal des douanes, soulignant que la finalité est de gagner du temps. Des initiatives sont également mises en oeuvre pour une interconnexion avec les douanes des autres pays, informe-t-elle. Enfin, pour plus de célérité, la Douane sénégalaise va mettre des scanners au débarquement afin de prendre en charge le risque dès le départ, ainsi qu’un laboratoire d’analyse chimique. Autant de chantiers qui nécessitent une réforme organisationnelle de l’administration douanière en la dotant de plus de moyens humains, matériels et financiers. 

Au niveau opérationnel, le colonel Mbaye de la Douane estime quela Stratégie de sécurité nationale devra intégrer la gestion concertée des frontières dans son schéma. Il recommande également l’utilisation des drones de surveillance, la généralisation des contrôles non intrusifs (mieux de contrôle, moins de contrôle) et des postes frontaliers juxtaposés.