Tambacounda, 12 avr (APS) – Quelque 300 kilogrammes de drogue et 3,7 tonnes de faux-médicaments, d’une valeur totale de 2, 264 milliards de francs CFA, ont été incinérés, mercredi à Tambacounda, sous la direction du gouverneur de cette région, Elhadji Bouya Amar. 

Il s’agit de « 300 kilogrammes de drogue, dont 25 kg de métamphétamine et 250 kg de cannabis, des médicaments contrefaits d’un poids estimé à 3,720 kg, pour une valeur totale de 2,264 milliards de francs CFA’’, a dit le commandant Oumar Baldé, chef de la subdivision des douanes de Tambacounda.

Ces produits prohibés ont été saisis par la Douane de novembre 2015 à janvier 2017, sur les barrages routiers de Tambacounda, Koumpentoum, Gouloumbou, ou lors d’opérations en brousse sur la base de renseignements obtenus. La quasi-totalité des médicaments proviennent de Gouloumbou et Koumpentoum, a-t-il relevé, ajoutant que la drogue a été saisie à Koumpentoum. 

Au moins 100 kg de cannabis ont été trouvés en brousse sur des gens traversant la frontière à vélo. Les auteurs présumés ont été arrêtés et certains d’entre eux ont été jugés. D’autres sont en attente de jugement et d’autres encore en fuite.

Les présumés trafiquants sont ‘’principalement de nationalités malienne, guinéenne’’, a poursuivi le commandant Baldé, signalant qu’il y a des Sénégalais parmi eux. ‘’C’est un phénomène inquiétant’’, a-t-il alerté, soulignant la nécessité de ‘’renforcer la vigilance’’, par rapport aux produits illicites entrant dans le pays en provenance des pays limitrophes.

Il assuré que la subdivision de Tambacounda, réputée pour ses saisies de drogue, compte poursuivre dans cette dynamique. ‘’La demande de drogue dure est réelle au Sénégal’’, a dit le commandant Oumar Baldé pour expliquer l’importance grandissante de ce type de stupéfiant dans les saisies. Il a souligné que le Sénégal est aussi un ‘’pays de transit’’ où la drogue passe pour aller vers des pays développés.

Le docteur Abdoulaye Diop, qui représentait l’Ordre des pharmaciens, a relevé qu’aucun des médicaments qui ont été brûlés ne provient ni du circuit public, ni du circuit privé de distribution.

Il a mis l’accent sur la dangerosité de ces faux-médicaments, qui ne portent aucune indication sur l’identité du laboratoire fabricant, ni de code-barres, ni date de péremption. Provenant de la Chine, de la Thaïlande, du Nigeria, ces faux-médicaments constitués de sérums antitétaniques, de corticoïdes, etc., expliquent en partie, la ‘’recrudescence des maladies rénales’’, a dit le pharmacien.

Interpellant l’autorité judiciaire, en l’occurrence le procureur, il a déploré le fait que ‘’les trafiquants s’en sortent toujours avec une amende’’, du fait d’une loi qui ‘’n’est pas suffisamment répressive’’. Il a suggéré que le trafic illicite de médicaments soit considéré comme un délit douanier et soit puni comme tel.

Pour le gouverneur qui a symboliquement mis le feu aux produits illicites, la saisie de cette quantité de métamphétamine, ‘’une des drogues les plus dangereuses au monde’’, atteste de l’ existence d’un ‘’marché local de consommation’’ et d’un ‘’marché d’exportation’’.

Il a évoqué les conséquences de l’usage de la drogue, estimant que la forte présence de malades mentaux âgés de 16 à 25 ans, est en partie liée à la consommation de drogue. ‘’Les instructions nous ont été données pour amplifier la lutte au niveau de Tambacounda, comme partout au Sénégal’’, a-t-il rapporté.

Soulignant la ‘’complexité’’ de ce combat qui doit être ‘’permanent’’, il a mis en exergue les ‘’efforts’’ faits par l’Etat pour s’adapter aux ‘’artifices’’ perpétuellement renouvelés des trafiquants. Les produits incinérés ne représentent que les saisies de la douane, et ne concernent pas celles de la police, de la gendarmerie et du parquet, a précisé le gouverneur annonçant une autre incinération de produits illicites, ‘’d’ici la fin du mois’’.

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